Franà§ois-Charles écrit à son frère Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu, habitant au Canada. Il l’implore de lui faire parvenir de l’argent, récise que c’est la quatrième lettre que lui et sa femme lui écrivent et qu’ils n’ont reà§u aucune réponse. Selon lui, la situation économique en France est toujours précaire et Franà§ois-Charles, qui ne perà§oit plus de pension gouvernementale, craint de finir en prison pour dettes. Il lui parle de la situation politique en France.
Organisation sociale, activités économiques, réalités politiques
Chamant ce 23 7bre 1830[1]
Mon à¢me nà¡vrée de douleurs, mon cher frère, me décide encore
une fois à implorer tes secours; je dis implorer, car cette lettre
est la quatrieme que nous t’ecrivons ma femme et moi sans
cependant obtenir une seule réponse à nos demandes[2]. Eh! quoi,
ton cÅ“ur se refusera-t-il toujours à me tendre une main fraternelle?
Est-il donc impossible à toi de m’avancer quatre mille francs[3];
lors méme qu’il t’est facile de te rembourcer, en retenant chaque
année la moitié de ma pension? Il faut, mon ami, que tu ne te
fasse pas une juste idée de mes souffrances, pour ne pas voler
à mon secours. Sache donc que nous ne pouvons, moins que
jamais, compter sur nos indemnités; que le boulversement
de la France en nous enlevant nos pensions, nous laisse sans pain,
sans azile; que mes créanciers ne m’offrent d’autre espoir que la
prison pour tombeau; que mon infortunée compagne plus souffrante
que jamais, d’après le coup affreux qui nous accable, ajoute
encore à mon désespoir. Eh! bien, seul aujourd’huy au milieu
de la plus cruelle anarchie; à qui donc recourir? à€ qui? La
providence te désigne, mon frère, non, tu ne peux t’opposer à ton
cÅ“ur, c’est à lui que je m’adresse, c’est lui qui me dit d’élever
mes regards vers toi.
Je ne te ferai pas le tableau des scènes horribles, sanglantes,
dont la France est le theà¢tre. L’encre n’est pas assez noire,
les expràªssions assez fortes, pour le bien rendre. Je laisse donc
aux gazettes à te le peindre[4].
Mr Thavenet[5] a dà» t’écrire au mois d’aoà»t, et te faire part
de ma position.
Adieu, cher frère, je remercie le ciel de ton bonheur, de
celui de ta chère famille qui, nous aimons à le penser, jouit
ainsi que toi d’une parfaite santé. Agréez tous, l’assurance
de notre inviolable amitié.
Tout à toi, ton frère,
Le Cte de Beaujeu.
P.S. Réponds moi.
Malgré que je ne sache ce que nous
allons devenir, adresse ta lettre
à Senlis.
P03/A.275, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le
Trois Glorieuses. Tout ces bouleversements rendent le versement des pensions incertain.