5 mars 1838 : Lettre de Franà§ois-Charles à  Catherine Chaussegros de Léry

Résumé de la lettre

Franà§ois-Charles écrit à  sa belle-sÅ“ur CatherineChaussegros de Léry habitant au Canada. Il s’inquiète de ne pas recevoir de nouvelles compte tenu des troubles qui agitent le pays. Sa femme et lui sont très malheureux.

Mots clés

Organisation sociale, réalités politiques

Transcription


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Lettre du 5 mars 1838, page 1

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Chamant près Senlis, ce 5 mars 1838.

Ma bonne sœur,

Votre silence et d’autant plus fait pour m’etonner, que vous le gardez
dans un moment o๠les troubles du Canada doivent me donner une
mortelle inquietude sur votre sort et celui de votre famille[1]. Je suis loin
pourtant de vous en attribuer le blà¢me, car il appartient à  mon neveu,
plus à  màªme de me donner les détails des évàªnemens malheureux que
vous avez éprouvés. Mais j’aime à  croire que cet oubli tient plus
à  sa jeune tàªte, qu’a son cÅ“ur : aussi, ma bonne sÅ“ur, veuillez lui dire
que si ma sensibilité en a soufferte; que je lui porte toujours
la màªme amitié, et que j’espère recevoir avant peu, une nouvelle
assurance de lui, sur celle que je dois attendre du fils de mon frère.

Je ne vous ferai pas le tableau de nos peines, car j’aime à  croire
qu’il serait trop affligeant pour votre à¢me sensible. Je me
bornerai donc à  vous dire qu’on ne peut àªtre plus malheureux que
nous le sommes! à€ nos souffrances tant physiques que morales,
à  notre dénuement de tout, est venu se joindre un hyver rigoureux,
et d’autant plus pénible pour nos vieilles santés, que notre misère
nous a mis dans l’impossibilité de nous opposer à  ses vives atteintes.
Ajoutez à  cela, mes quatre vingt ans, et deux, ajoutez encore la délicatesse
de mon excellente femme qui, malgré ses soixante huit ans, a sà»
retrouver dans l’énergie de sa belle à¢me les moyens de soulager mes souffrances;


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Lettre du 5 mars 1838, page 2

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et vous aurez alors, une bien légère esquisse de nos peines. Oui, oui,
ma bonne sœur, nous sommes bien a plaindre!

Puisse le ciel vous avoir au moins épargnée au milieu des troubles
de votre paà¯s, et puissent vos enfans n’en avoir point été les victimes!

Adieu, mon excèllente sÅ“ur, que Dieu répande sur vous et sur
votre famille, les bénédictions que chaque jour, je lui demande.

P.S. Ma femme vous embrasse de toute son à¢me, se rappelle
au souvenir de ses neveux et nieces, auxquels elle offre ses
tendres, et sincères amitiés.

Tout à  vous, votre vieux et malheureux frère,

Le Cte de Beaujeu.

Je n’oublie pas ma vieille
Beaujette, que j’embrasse.


P03/A.292, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

Notes

  1. La rébellion des patriotes, commencée en 1837, s'est poursuivie et connaà®tra son apogée au début de 1839 par une série d'exécutions et de déportations des patriotes jugés coupables.
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