23 février 1787 : Testament olographe de Marie-Louise Prud'homme

Résumé du document

Copie du testament olographe de Marie-Louise Prud’homme, épouse de Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil. Elle lègue à  part égale la moitié de ses biens mobiliers et immobiliers à  son époux et à  son fils, Pierre-Amable de Bonne. Cependant, avant le partage, elle lègue à  chacun certains objets lui appartenant. L’exécuteur testamentaire est Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville. Dans un ajout, daté du 18 avril 1791, elle déshérite la femme de son fils, Marie-Louise Chartier de Lotbinière, qui s’est enfuie aux États-Unis.

Mots clés

Activités économiques, relations familiales

Transcription


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Testament olographe de Marie-Louise Prud'homme, page 1

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Au nom du père du fils & du Saint Esprit

Je Marie Louise Prud’homme

Epouse de Monsieur Joseph Dominique Emanuel Le Moine de Longueuil ecuier
étant par la grace de Dieu, saine de corps et d’esprit; j’ai résolu de faire mon
testament, et pour cet éffet après m’àªtre retirée dans mon cabinet, & avoir demandé
à  Dieu les lumières qui me sont nécessaires pour faire cette derniere action de ma
vie; en conséquence j’ai fait & écrit de ma main mon testament comme il s’en
suit, sans inductions ni suggestions de personnes, & de m’a franche & libre volonté;

Prémierement je recommande mon Ame à  Dieu le suppliant d’en avoir pitiée
& de ne point entrer en jugement avec moi, de me pardonner mes péchés, & de me faire
la grace de mourir de la mort des justes; c’est ce que j’espère de sa miséricorde par les
mérites du sang de Jesus Christ mon sauveur par l’intércession de la Sainte Vierge,
& de tous les Saints et Saintes du Paradis & par la vertu des prieres de tout ce qu’il y a
de Saintes Ames dans l’eglise Catholique Apostolique & romaine dans le sein de la
qu’elle je veux mourir comme Dieu m’a fait la grace d’y naitre & d’y vivre;

Je désire que mon corps soit inhumé dans l’église de cette paroisse; dans la chapelle
de Saint Amable, tel que Monsieur de Longueuil le jugera à  propos; & qu’il me soit
dit le plutà´t possible après mon décès deux cents messes basses pour le repos de mon
ame, je demande aussi un service au cour de l’année, pendant lequel on me dira des
messes si on le peut, ou bien ce qui pourra s’en dire ce màªme jour; comme le jour de
mon décès je recommande également la màªme chose;

Je veux & ordonne que mes dettes soyent payées, & torts si aucun se trouve réparé, par mon
exécuteur testamentaire cy après nommé.
Je donne et lègue à  Monsieur de Longueuil mon cher epoux la juste moitié de tous
les biens mobiliers & immobiliers, de quelques nature qu’ils puissent àªtre que je
délaisserai au jour & heure de mon décès sans en rien excepté pour par lui, ses hoirs
& ayants causes en jouir faire & disposer en toute propriété comme bon leurs semblera
sans avoir égard aux clauses contraires à  ma présente disposition, inséré en mon
contrat de mariage avec mon dit Sieur de Longueuil passé devant Monsieur Panet
alors notaire à  Montréal le neuf mars mil sept cent soixante & dix auquel je
déroge expréssément pour ce qui me concerne, reclamante à  cet effet la protection & le
bénéfice de l’acte du Parlement connà» sous le nom du Bil de Québec, qui accorde
aux sujets du Canada une liberté de tester indéfini nonobstant toute lois, coutumes,
& usages a ce contraire & au moyen du présent leg mon dit Sieur de Longueuil ne
pourra répéter le préciput porté au dit contrat de mariage ni sa chambre garnie
mais seulement avant partage ces habits, linges, armes, chevaux & bagages.
& quand à  l’autre moitié de tous mes biens mobiliers & immobiliers de quelques nature
qu’ils puissent àªtre, sans pareillement en rien excepté que ce qui est cy dessus & sera cy après,
je les donnent & lèguent a mon cher fils Pierre Amable de Bonne pour par lui ses hoirs &
ayants causes en jouir en toute propriété comme bon leurs semblera.

Quoique par mes dispositions cy dessus mon fils, Pierre Amable de Bonne a la juste
moitié des biens que je délaisserai au jour de mon décès, j’entends cependant qu’il ne pourra
rien répéter des augmentations & améliorations qui ont étées faites, ou qui pourront àªtre faites
par la suite sur les seigneuries de Soulanges, Nouvelle Longueuil, & Pointe à  L’orignal
qui appartiennent en propre à  Monsieur de Longueuil mon cher mari dont je lui
donne & lègue la jouissance sa vie durante de toutes les dettes augmentations & améliorations.
& après le décès de Monsieur de Longueuil la moitié des dites augmentations <& améliorations> seront payées
à  mon cher fils de Bonne, par la succession de Monsieur de Longueuil.
Quoique par mon présent testament ma volonté soit que le partage égal des biens de
ma succession soit fait entre Monsieur de Longueuil, & mon fils néanmoins je veux
& entends qu’avant partage fait mon cher epoux prénne tous les portraits petits &
grands de sa famille, & de lui-màªme, il prendra aussi ma toilette, venant de Madame
Beaujeu sa soeur qui m’en avait fait présent ainsi je l’a donne à  son frère pour en faire ce


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Testament olographe de Marie-Louise Prud'homme, page 2

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ce qu’il voudra, je veux aussi que mon cher mari prénne un petit coeur garni en pierres
qui m’était précieux, parce qu’il renferme de ces cheveux, il en prendra un autre aussi en
mocassine qui est pendu à  la chaine de ma montre, avec un cachet en pierres sur lequel
il y a des chiffres en or qui ést pendu aussi à  la chaine de ma montre, & aussi il prendra
la cléf en or de la montre, avec la montre que je déclare qui vient de mon cher mari
ayant donné la mienne à  mon fils ainsi je veux & entends qu’elle lui retourne en
propre, je lui donne également ma tabatière en or, mon jonc de diamant fin mon
alliance en or dont nos deux noms en abrégé sont gravés dedans, je lui donne le tout,
en toute propriété, il prendra aussi un etui d’écaille en verni de la Chine, avec le
cur-oreille en or qui est dedans car cela ést à  lui, ayant donné le mien en or à 
Madame de Bonne ma brue lorsqu’elle s’est marié.

Et mon cher fils de Bonne prendra son portrait, je lui donne aussi mes deux
bagues fines en rosete a lui propre, pour qu’il s’en serve lui-màªme, pour se ressouvenir
de moi, il prendra aussi mon epingle d’or, qu’il portera, mes boutons de manche
montés en or que j’entends qu’il prenne pour porter, lui donnant le tout en toutes
propriétés, je lui donne aussi un petit coeur garni en grena avec un vitrage mes
boucles à  souliers en pierre, mon collier de grana fin, ma chaine d’or de ma montre,
sans rien attaché après, il l’a prendra sans la montre comme en ayant disposé <comme> cy
dessus en faveur de mon cher epoux, telle est ma volonté.

Et pour exécuter & accomplir mon présent testament j’ai nommé & élu Monsieur
Melchior de Rouville fils entre les mains duquel je me désaisie de tous mes biens
voulant qu’il paye devant toutes choses aux communautés religieuses la somme
qui ést stipulée dans un écrit par lequel nous nous sommes obligés Monsieur de
Longueuil & moi que nous avons signés tous deux daté du neuf novembre mille
sept cent quatre vingt cinq;

Dont je veux absolument par ce dernier testament qu’il soit suivi & exécuté dans
toute son étendue, révoquant tout autre testament & codicils que je peux avoir fait
auparavant voulant que le présent ést lieu & soit exécuté comme étant mon
intention & ordonnance de derniere volonté, & pour cet éffet & éxécution d’y celui je
reclame l’acte du Parlement pour la Province de Québec en vertu duquel je fait
la présente disposition, j’ai fait présent testament que j’ai écrit & signé de
ma propre main a Montreal dans ma maison, ce jourd’hui ce vingt trois du
mois de fevrier mille sept cent quatre vingt sept.

(signé) Marie Louise Prud’homme de Longueuil

Aujourd’hui le dix huit avril mil sept cent quatre vingt onze avant midi
j’ai fait lecture a diverses fois de mon testament cy dessus, & ayant réflechi sur les
dispositions qu’il contient, je veux & entends qu’il soit suivi & éxécuté selon la
forme & teneur & cependant comme depuis mon dit testament Marie Louise
Chartier de Lotbinière, épouse de Pierre Amable de Bonne mon fils, à  laissée &
abandonnée son mari , & s’est retirée dans les Etats-Unis, je veux & entends qu’elle
ne profite en aucune manière des biens que je délaisserai voulant expréssément que
tout ce qui reviendra à  mon dit fils Pierre Amable de Bonne en ma succéssion, n’entre
point en sa communauté avec la dite Marie Louise Chartier de Lotbinière
mais qu’au contraire le tout sorte nature de propre à  mon dit fils Pierre
Amable de Bonne telle étant ma volonté en foi de quoi j’ai écris & signé de
ma main le présent à  Montréal les jours & ans susdits.

(signé) Marie Louise Prud’homme de Longueuil


P03/I.064, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

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