Franà§ois-Charles écrit de Paris à son oncle maternel Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil, qui habite au Canada. Il s’inquiète de ne pas avoir reà§u de nouvelle depuis la lettre qu’il lui a envoyée l’année précédente, o๠il lui faisait part de son mariage retardé du au fait que les fonctions d’intendant de son futur beau-père le retenaient à St-Domingue.
Organisation sociale, réalités culturelles, botanique.
Paris, ce 20 février 1784
Mon cher oncle
Je suis au désespoir du silence que vous
gardez a mon égard[1]. Je vous ai fait part
des evenemens heureux qui m’etoient
arrivés; et vous n’avez pas eu la bonté
de me repondre? Seroit-ce mon cher oncle,
un refroidissement pour moi? Auraije
démérité dans votre esprit; lorsque je suis
comblé des personnes de qui j’ai l’honneur
d’àªtre connu en France. Je me rappelle
que dans ma tendre jeunesse j’étois
beaucoup plus heureux, vous daigniez
alors m’accorder une amitié, que cependant,
je ne méritois pas a autant de titres,
n’en connoissant pas tout le prix.
J’ose espérer que cette lettre cy, vous
décidera a me donner de vos cheres nouvelles;
et qu’enfin j’oublirai toutes mes peines,
en y lisant que vous voulez bien encore
m’accorder vos bontés.
Je vous ai mandé l’année derniere que
j’étois au moment de faire un mariage,
il n’est pas encore conclu, le pere de la
jeune personne, qui est à S. Domingue
n’etant pas de retour en France, mais
on l’attend de jour en jour. Il se
nomme Mr de Bongars, président a mortier au
parlement de Metz, et intendant de
l’à®le o๠il est maintenant[2]. Sa fortune est
considérable, mais il a quatre enfans.
Il donne a chacune de ses filles quinze
mille livres mais a sa mort elles en
auront au moins trente cinq a quarante.
Le mariage est comme vous voyez très
beau pour une personne qui n’a rien
au monde, il l’est bien plus du cà´té
des agrémens de sa famille, qui est très
bien alliée; deux de ses filles sont
mariées a des seigneurs de la cour et
très riches . Enfin mon cher oncle, si
cela réussi, la providence seule y
aura pourvà»; car, je ne devois pas
m’attendre a un bonheur aussi complet.
Ma future belle mére désireroit avoir
du beaume de Canada[3], du sucre d’érabe
et du capilaire[4]. Seroije mon cher
oncle, vous supplier de me faire passer
ces articles, vous me renderiez un grand
service.
Permettez moi de vous souhaitter, ainsi
qu’a, ma chère tante, une santé à
toutes épreuves; et daignez croire
aux sentimens tendres et respectueux
avec lesquels je suis
Mon très cher oncle
Votre humble et
très obéissant serviteur
et neveu
Beaujeu
P03/A.211, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le
pour purger les ulcères. La dose prescrite était de
4 à 6 grammes dans un jaune d’œuf. On rapporte
qu’il ne cause pas de nausée.