20 février 1784 : Lettre de Franà§ois-Charles à  Joseph-Dominique-Emmanuel

Résumé de la lettre

Franà§ois-Charles écrit de Paris à  son oncle maternel Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil, qui habite au Canada. Il s’inquiète de ne pas avoir reà§u de nouvelle depuis la lettre qu’il lui a envoyée l’année précédente, o๠il lui faisait part de son mariage retardé du au fait que les fonctions d’intendant de son futur beau-père le retenaient à  St-Domingue.

Mots clés

Organisation sociale, réalités culturelles, botanique.

Transcription


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Lettre du 20 février 1784, page 1

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Paris, ce 20 février 1784

Mon cher oncle

Je suis au désespoir du silence que vous
gardez a mon égard[1]. Je vous ai fait part
des evenemens heureux qui m’etoient
arrivés; et vous n’avez pas eu la bonté
de me repondre? Seroit-ce mon cher oncle,
un refroidissement pour moi? Auraije
démérité dans votre esprit; lorsque je suis
comblé des personnes de qui j’ai l’honneur
d’àªtre connu en France. Je me rappelle
que dans ma tendre jeunesse j’étois
beaucoup plus heureux, vous daigniez
alors m’accorder une amitié, que cependant,
je ne méritois pas a autant de titres,
n’en connoissant pas tout le prix.


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Lettre du 20 février 1784, page 2

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J’ose espérer que cette lettre cy, vous
décidera a me donner de vos cheres nouvelles;
et qu’enfin j’oublirai toutes mes peines,
en y lisant que vous voulez bien encore
m’accorder vos bontés.

Je vous ai mandé l’année derniere que
j’étois au moment de faire un mariage,
il n’est pas encore conclu, le pere de la
jeune personne, qui est à  S. Domingue
n’etant pas de retour en France, mais
on l’attend de jour en jour. Il se
nomme Mr de Bongars, président a mortier au
parlement de Metz, et intendant de
l’à®le o๠il est maintenant[2]. Sa fortune est
considérable, mais il a quatre enfans.


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Lettre du 20 février 1784, page 3

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Il donne a chacune de ses filles quinze
mille livres mais a sa mort elles en
auront au moins trente cinq a quarante.
Le mariage est comme vous voyez très
beau pour une personne qui n’a rien
au monde, il l’est bien plus du cà´té
des agrémens de sa famille, qui est très
bien alliée; deux de ses filles sont
mariées a des seigneurs de la cour et
très riches . Enfin mon cher oncle, si
cela réussi, la providence seule y
aura pourvà»; car, je ne devois pas
m’attendre a un bonheur aussi complet.
Ma future belle mére désireroit avoir
du beaume de Canada[3], du sucre d’érabe
et du capilaire[4]. Seroije mon cher
oncle, vous supplier de me faire passer
ces articles, vous me renderiez un grand
service.


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Lettre du 20 février 1784, page 4

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Permettez moi de vous souhaitter, ainsi
qu’a, ma chère tante, une santé à 
toutes épreuves; et daignez croire
aux sentimens tendres et respectueux
avec lesquels je suis

Mon très cher oncle

Votre humble et
très obéissant serviteur
et neveu

Beaujeu


P03/A.211, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

Notes

  1. Donc, n’aurait pas reà§u la lettre du 15 octobre 1783 que lui a envoyée son oncle Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil. Cette lettre se trouve dans le fonds Pointard et elle est conservée aux Archives Nationales de France.
  2. Il s'agit d'Alexandre-Jacques de Bongars, président à  mortier au parlement de Metz et intendant général de St-Domingue (actuel Haà¯ti).
  3. Également appelé térébenthine du Canada ou gomme de sapin, le baume du Canada est une térébenthine fabriquée à  partir de la résine du sapin baumier, que l’on nomme également baume de Galahad. Au XVIIIe siècle, on l’utilisait surtout pour purger les ulcères. La dose prescrite était de 4 à  6 grammes dans un jaune d’œuf. On rapporte qu’il ne cause pas de nausée.
  4. Considéré par les botanistes comme la plus belle de nos fougères, le capillaire du Canada ou Adiantum pedatum était très populaire en Nouvelle-France et il s'est fait un commerce considérable de cette plante, très employée en médecine pour soigner les affections pulmonaires.
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