Le 29 octobre 1732, le gouverneur et lieutenant général pour le Roy en Nouvelle-France, Charles de la Boische, marquis de Beauharnais, et le chevalier Gilles Hocquart, intendant de justice du Roy, concèdent la seigneurie de Rigaud à Pierre-François de Rigaud de Vaudreuil et son frère Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial. Le territoire actuel englobe les municipalités de Rigaud, Pointe-Fortune, Très-Saint-Rédempteur et Sainte-Marthe.
Né en 1698, Pierre Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial est gouverneur des Trois-Rivières, gouverneur de la Louisiane et dernier gouverneur général de la Nouvelle-France. Il passe en France en 1760 où il est emprisonné quelque temps à la Bastille. Gracié par Louis XV, il décide de vendre la seigneurie de Rigaud à Michel Chartier de Lotbinière.
À l’automne 1762, Joseph Raymond arpente les 13 terres de l’Anse à la Raquette et 4 terres de la Nouvelle-Lotbinière. La colonisation est bien commencée puisqu’il y a alors 4 colons d’établis dans la seigneurie. Trois d’entre eux sont des Irlandais nommés Dicker (Dicaire) et le 4e est un Américain appelé French (Laframboise). On retrouve leurs descendants encore aujourd’hui dans notre région. Le 14 septembre 1771, incapable de s’adapter au régime politique britannique, Michel Chartier de Lotbinière cède la seigneurie à son fils Michel-Eustache-Gaspard-Alain. Ce dernier fait prospérer le domaine en se faisant bien voir des autorités britanniques : « Je suis destiné à vivre avec les anglais, mon bien-être est sous leur domination, je dépends entièrement d’eux, il est donc de ma politique de m’accommoder aux circonstances », confie-t-il à son père. En 1783, autour des terres de la Nouvelle-Lotbinière et de la Rivière-à-la-Graisse, il y a 68 terres de 30 arpents de défrichées.
En 1802, la seigneurie possède désormais son moulin à farine et, en 1810, le premier pont est construit. L'arpenteur Joseph Bouchette écrit en 1815 que le sol y est partout fertile et que les hommes sont généralement voyageurs, actifs, résolus et entreprenants. Il n'y a cependant qu'un petit nombre de fermiers, mais ceux-ci se livrent à cet état avec zèle. Le 1er janvier 1822, suite au décès de Michel-Eustache-Gaspard-Alain, la seigneurie passe à sa fille Charlotte, qui avait épousé, en 1821, William Bingham, fils d’un richissime sénateur américain, mais considéré comme un vaurien par Louis-Joseph Papineau. Charlotte est décédée à Londres en 1865. Les enfants du couple, installés en Europe, vendent alors leurs propriétés à Archibald de Léry Macdonald en 1897. À cette époque, Rigaud entre dans la modernité.