Louise-Bénédicte Bongars de Vaudeleau écrit à sa belle-sÅ“ur Catherine Chaussegros de Léry habitant au Canada. Elle la met au courant du décès de Franà§ois-Charles dont la santé s'était détériorée au cours des six derniers mois. Elle donne un bref aperà§u des derniers moments de son époux. Elle termine sa lettre en soulignant les témoignages et les honneurs militaires dus à son rang qu’il a reà§u après son décès.
Organisation sociale
Senlis ce 9 janvier 1846
Ma chere sœur,
A peine ma main tremblante peut-elle vous tracer
ce peu de lignes, pour vous faire part de la
cruélle douleur qui vient de m’accabler[1]. J’ai perdu
le seul ami qui me réstoit sur la terre. Je n’ai
plus n’y soutient n’y protécteur pour supporter
ma triste vieillésse. Tout m’est enlevé avec lui
et son inquiétude, et sa bonté pour moi et pour mon avenir
ne s’est que trop réalisé. Depuis 6 mois je voyois
arrivé chaque jour à grand pas ce malheureux
évennement. Je ne l’ai pas quitté d’un instant,
jusqu'à la derniere fin, et Dieu seul m’a donné
la force, et le courage de suporter ce douloureux
moment. De toutes les calamités qui depuis 50 ans
ont assiégée ma vie, jamais rien ne m’a été aussi
pénible que ce dernier malheur. Ses dernieres paroles
ont été un souvenir de votre amitié pour lui, et
bénir tous ce que vous avez fait pour adoucir son
infortune. Il m’a recommande de ne jamais oublier
votre bonté, et de toutes les promésses qu’il a exigées
de moi, célle la me sera toujours facile a remplir.
Je vous demande en échange, ma sÅ“ur, de me
continuer les sentimens que vous avez bien voulu
me témoigner jusqu’icy, et de me donner souvent de
vos nouvélles, ce sera un calme que vous apporterez
a mon triste et sombre isolement. Dites a son neveu
Georges, que son oncle a confié a ma garde pour
souvenir précieux de ce qu’il méritat, sa croix de
St. Louis[2], qui lui fut donné par le roy lui màªme, ses
titres, et brevets de service millitaire. Je ne m’en
séparerai que lorsque je ne pourai plus les garder, alors
je les lui ferai reméttre, par le moyen le plus sur qu’il
m’indiquera.
Adieu, ma bonne sœur, la seule consolation qui me
réste, est d’entendre chaque jour les témoignages de
regrèts, qu’il a laissés dans toutes les classes, et
qu’on lui a rendus, sans mes réclamations, tous les honneurs
militaires dus a son rang, et a ses vertus.
Adieu, adieu, je vous embrasse de tout mon cœur
et suis pour la vie
Votre affectionnée sÅ“ur
La Ctesse de Beaujeu
P.S. C’est jeudi le 6 janvier 1846
que j’ai subit, mon plus grand
malheur
Mille amitiés à vos enfans
P03/A.296, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le