Au début de janvier 1829, Franà§ois-Charles de Beaujeu écrit du Plessis Chamant à sa sÅ“ur Geneviève-Élisabeth de Beaujeu affectueusement appelée Beaujette, qui habite au Canada. Il est heureux d’avoir reà§u de ses nouvelles par son frère, lui exprime les sentiments qu’il éprouve envers elle et lui rappelle les doux souvenirs d’enfance qu’il garde de leurs jeux sur le coteau des Cèdres. Il lui mentionne aussi son mariage récent et signale qu’il attend ces jours-ci la visite de son frère afin de lui faire ses adieux avant son retour au Canada.
Organisation sociale
[Début 1829][1]
Au Plessis Chamant près Senlis
Ma bonne sœur, mon ancienne amie, ai-je besoin
de t’exprimer tout le plaisir que j’ai ressenti lorsque
notre bon frére m’a remis les douces preuves de ton
souvenir[2]? Ah! non, ton amitié pour moi, ton
à¢me sensible et bonne, doit en àªtre convaincue. Oui,
chère sÅ“ur, jamais, non jamais, tu n’as perdu
dans mon cœur la place que non seulement la
nature, mais encore l’attachement le plus vrai;
t’y avaient donné. Toujours je me suis rappellé
avec reconnaissance les soins que toi, et la pauvre
Saveuse[3], vous me prodiguiez dans mon enfance;
combien de fois votre tendresse ne me sauva-t-elle
pas des justes corrections de notre éxcellente mère[4]?
Combien de fois aussi, d’aimables souvenirs ne
m’ont-ils reporté aux jeux innocents de notre
jeunesse, nos promenades sur le cà´teau des
Cèdres[5]. Qu’ils sont loin de nous, chère Beaujette,
ces heureux jours! Enfin remercions encore
la sage providence qui avant de nous rappeller
à elle, nous permet un dernier adieu, et
comptons assez sur sa miséricorde, pour
espérer nous revoir dans l’eternité.
Tu seras, sans doute, bien étonnée d’apprendre
que je me suis remarié, il n’y a guéres plus
d’un an, Ma compagne est de l’à¢ge de notre frère,
nous nous connaissons depuis quarante ans,
notre amitié ne s’est jamais démentie, et j’aime
a croire qu’elle ne finira qu’avec nos jours[6].
J’attends ces jours cy, notre bon frère qui, vient
me faire ses adieux[7]. Ce sera, comme tu le sens
bien, des jours de douleurs. Je gémissais
souvent, me plaignais de quitter ce monde, sans
le connaitre ainsi que sa famille, mais les
ayant appréciés, qu'elle pénible séparation!
Adieu, chère sÅ“ur, reà§ois les assurances d’amitié
de ma femme. Pense quelquefois à ton
vieux frère qui jamais ne càªssera de t’aimer.
Le Cte de Beaujeu.
P03/A.291, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le