Franà§ois-Charles écrit de Chamant à son neveu, Georges-René Saveuse de Beaujeu qui est à Paris avec sa famille. Il lui parle de son bonheur de recevoir une lettre de sa part et le félicite d'avoir rencontré quelqu’un pour lui faire visiter la ville de Paris. Il lui parle de l’importance de l’étude du franà§ais pour bien paraà®tre en société.
Organisation sociale
Chamant ce 4 aoà»t 1828[1]
Je suis enchanté, mon ami, de ton aimable souvenir,
et des détails que tu nous donnes sur les chefs d’œuvres
qui t’ont le plus frappé dans tes courses parisiennes.
Que de sujàªts pour ton journal[2], va t’offrir notre métropole!
Surtout si aux beautés de l’art, tu consacres quelques
pages aux sages réfléxions à faire sur cette ville vraiment
unique dans ses opposés. C’est peut àªtre trop demander
à une tàªte de dix huit ans? Pardon, cher George, si je
me permets cette apostrophe. Eh quoi! Pardon! Ah!
que je voudrais bien que l’on pà»t me l’adresser!
Ta tante a été si flattée de ton éxactitude à tenir ta
parolle que tu lui avais donnée de lui écrire; qu’elle s’est emparé
de la lettre, en répettant, qu’il est aimable ce bon George!
Voyez comme il est sage? Et moi, de faire chorus.
Ah! de grace, mon ami, persèvère dans ta conduite,
si tu veux faire le bonheur d’une famille qui te chérit.
Nous ne te félicitons du heureux hazard qui t’a fait
rencontrer (surtout dans le séjour que tu habites)[3]
une personne aussi respectable qu’aimable qui, veut
bien se donner la peine non seulement de t’accompagner
dans les endroits curieux de Paris; mais qui te procure
en outre, les moyens d’y àªtre admis. Oui, mon ami,
tu es né coà«ffé! Prie ce monsieur[4] de vouloir bien me
permettre de joindre mes sincères remercimens à ceux
que tu lui dois.
Je t’applaudis, mon cher enfant, d’unir l’utile à l’agréable,
quelques heures d’étude, ajoute un charme au délassement.
Ne néglige pas ton maitre de franà§ais[5]. Songe qu’il
t’est de plus grande utilité que tous les autres qui, ne
tiennent qu’au simple agrément; car lorsque tu seras
en société, on s’embarrassera fort peu que tu montes
élagamment à cheval; mais on sera charmé de ta
facilité à t’enoncer. L’un cependant, n’exclà»rait pas
l’autre, si tu avais plus de tems à leur sacrifier;
il faut donc que sagement tu donnes plus de soins
à ta vieille grammaire, qu’à ton Bucéphale[6].
Je ne dis rien de Mr de Léry, pour avoir trop à
dire. Sa conduite ne me surprend pas, je l’avais
prévue; tel père, tel fils[7].
Non, mon ami, nous ne sommes nullement inquiets
sur tes sentimens; ta manière franche de nous
tranquiliser à leur égard, ta conduite, doivent nous
en àªtre un sà»r garent. Ta tante qui t’aime autant
que tu m’es cher, t’embrasse de tout son cœur, ton
vieil oncle en fait autant, et te remercie de tes aimables
vœux pour nous.
Adieu, cher George, tout à toi, ton oncle,
Le Cte de Beaujeu.
P.S. J’ai écrit au comte Alphonse
de Vergennes[8] pour le prévenir de votre
visite. Allez y le plutà´t possible.
Nous embrassons toute la famille sans distinction, puisque
notre sentiment est le màªme pour tous.
P03/A.267, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le
Tel père, tel fils !fait probablement référence au fait que Gustave Chaussegros de Léry était le fils d’un baron d’empire, le vicomte Franà§ois-Joseph de Léry, et il représentait aux yeux de Franà§ois-Charles toute cette noblesse d’empire qu'il ne pouvait que mépriser puisqu'elle lui avait volé la vie d’Amédée son unique fils !