Franà§ois-Charles de Beaujeu écrit à son oncle maternel Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil, habitant au Canada. Il lui annonce qu’il s’est installé à Paris et qu’il a l’intention de se marier avec Élisabeth de Bongars, fille d’Alexandre-Jacques de Bongars, intendant général de St-Domingue. Franà§ois-Charles a vraisemblablement rencontré la jeune fille et sa famille lors de son séjour à St-Domingue. La famille de ses futurs beaux-parents est très riche et il annonce à son oncle que sa future belle-mère a l’intention de lui acheter un régiment. En attendant son mariage, Franà§ois-Charles demande à son oncle de l’aider financièrement en lui donnant deux mille francs.
Organisation sociale, activités économiques, activités militaires
Paris ce 26 février 1783
Mon trés cher oncle
Je vous ai fait part a mon arrivée a Paris des raisons
agréables qui m’y conduisoient. Je me trouve aujourd’huy
dans une passe non moins belle, étant a la veille de faire
un brillant mariage, tant du coté de la naissance, que
de la fortune. La demoiselle[1], est belle, jeune, et aimable
au possible; mais, il faut attendre que mon pére
m’ait envoyé son contrat de mariage, son extrait de
bapthàªme et tous les papiers qui le concernent[2]. Veuilliez
mon trés cher oncle l’engager a le faire au plutà´t, vous
jugez combien il seroit désagréable pour moi, de manquer
une si belle fortune par un retard.
Les parens ne veulent point que je retourne a St.
Domingue[3]; la mère va, m’achetter une compagnie de
Dragons[4]; mais, vous sentez que je serai bien
gàªné, jusqu'a l’instant de mon mariage; que cependant
je ne puis laisser, tout étant décidé. Si vous vouliez,
mon tres cher oncle, me donner deux mille francs
jusqu'a cette époque, vous me renderiez le plus
signalé des services, puisque ma fortune en dépent,
et mon existence militaire.
Il est tems que je m’informe de votre santé, et de celle
de , elles me sont toutes les deux, on ne
peut plus précieuses. Je vous ai écris deux fois
chaque année, étant a St Domingue, et n’ai jamais
reà§à» aucune de vos nouvelles[5]. ,
est la prémiere qui m’en ait donnée, et qui m’ait assurée
que vous m’aimiez toujours. De grace ne me la retirez
jamais votre amitié, jen suis digne, par la vive, et sincère
que je vous porte; et porterai toute ma vie. Adieu
mon cher oncle; portez vous bien; et croyez moi avec
les sentimens les plus tendres et respectueux
Mon tres cher oncle
Votre trés humble et trés
obéissant neveu
Beaujeu
P03/A.209, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le