5 mars 1778 : Lettre de Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

Résumé du document

Jean Doutreleau, procureur franà§ais, écrit à  Joseph-Dominique-Emmanuel, son client au Canada. Il explique la situation du père de JDE, Paul-Joseph, en énumérant les péripéties qu'a dà» faire Agnès-Josephe Le Moyne de Longueuil pour débarrasser celui-ci de ses domestiques véreux et le prendre à  sa charge. Agnès-Josephe est la nièce de Paul-Joseph et l'épouse de Franà§ois-Joseph de Germain. à€ son habitude, Doutreleau donne aussi des détails sur les finances de JDE. Plusieurs pages de compte sont incluses dans l'envoi, mais ne sont pas transcrites plus bas.

Mots clés

Activités économiques, organisation sociale

Transcription


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Lettre du 5 mars 1778, Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

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Jay recu Monsieur et ami la lettre que vous
m’avéz ecrit de New-York qui a fait bien du
tapage, et vous avés recu ma reponse en arrivan
a Montréal. Depuis le temps que jay ecris, ce laquais
avide d’argent a eté assés fort pour venir a Paris croyant
me persuader et me dit que vous aviés ecrit. Je luy dis
que s’il etoit assés fol pour venir a Paris, je ne l’etois pas
assés pour luy donner de l’arg[ent] sans l’ordre ecrit ou
le recu de M. de Longueuil. Que je connoisois sa scituation
et qu’il n’etoit pas possible qu’il n’y eut un grand desordre
dans la maison de M. de Longueuil et qu’il ne pouvoit
avoir depansé, ne voyant plus personne, ne donnant plus
a manger, et ne sortant plus qu’il eut depansé a Tours
en 9 mois pres de 4000# et qu’il deubt encore 1500# scavoir
1000# a ses domestiques et 500# aux marchands, qu’il pouvoit
s’en aller et que je le ferois examiner ces debtes. Il me fit ecrire
de Tours par toutes sortes de personnes qui me certiffioient
la probité de ce domestique, jusques ce M. Celoran qui
le regardoit comme un tres honnette homme a ce qu’il m’
ecrivoit, un officier de la Marechousée, et un procureur
qui m’en disoit bien du bien, et qui m’ecris ce que M[onsieur]
de Longueuil avoit fait un testament dont il ne me marque
pas la teneur et qui pouvoit vous faire tors. Aussy j’avois
dit a Mad[ame] de Germain que la 1er chose qu’il faudroit faire
en arrivant chez elle seroit d’en faire faire a M[onsieur] de Longueuil
un autre qui annulleroit celuy qu’il avoit fait, et que
Mad[ame] Germain a effectivement trouvé le moyen de le faire
annuller, malheureusement Mad[ame] Germain n’a pa partie
que tard pour aller a Tours ou son oncle ne l’a pas
reconnu, mais a force de l’amadouer et de promettre a
son laquais de le recompanser, et de luy faire accroire
qu’elle venoit le chercher pour le menner en Canada
elle a reussit a le sortir de Tours ou il a fallu loà¼er une
chaise de poste pour luy et son laquais qu’il a fallu mene
avec luy. Sans quoy on auroit eu bien de la peine a l’emmenne.


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suitte de ma lettre

Ce laquais en chemin fit une scene a Mad[ame] Germain, il avoit bà»
a son diner 3 bouteilles de vin. Il fut a la chaise de Mad[ame] Germain
et dit qu’il vouloit ravoir la vaiselle de son maitre et le remenner
a Tours. Heureusement qu’elle etoit avec le fils de M. Levasseur de
Versailles qui le prit au collet ce qui le degrisat, et luy fit demander
pardon. Je luy avois bien recommandé de le chasser en arrivant ce qu’elle
a fait. Ainsy Dieu mercy vous en voyla debarassé et il ne vous
faudrer rien donner sur vos fonds davantage sur lesquels vous
pouvés compter. Cela vous a fait une breche # 8120. Si il vient
a mourir il vous sera deub 3 années de la pansion. Sa vaiselle et ce qui
restera de son revenu, car il ne depansera pas tout. Je compte que
Mad[ame] Germain randra compte ou a moy qui recois ses fonds
car elle en fait ce qu’elle veut par la douceur et il luy est fort attaché.
Elle a pris son temps pour luy faire signer ses blancs seings pour
recevvoir ses rantes et les revocations du testament qui est entre les
mains de ce procureur de Tours qui menaà§oit de faire des proces
a sa mort. Depuis la derniere lettre qu’il m’a ecrit et tiré sur
moy le 23 juilliet 1776, je ne signois plus et quand il vous a marqué
que c’etoit en 1775 qu’il avoit tiré sur moy 600#, commancoit a
n’y plus àªtre, car jay la lettre de change, comme toutes celles que
je vous passe en compte tant en lettre de change qu’en quittances
ou billets de vous avant votre depart, et il se trompoit cy bien
que vous verrés par le compte cy joint que je ne luy ay rien
payé en 1775 et que c’est la seulle année ou je ne luy ay rien
payé. Comme il n’est pas en etat de gerer ses affaires, et
qu’il etoit necessaire d’y mettre ordre, j’avois dit a Mad[ame]
Germain de le faire interdire a Tours. Si le juge trouvoit qu’il y
eut lieu a l’interdiction et me nommer curateur a l’inter
diction, mais comme le juge etoit a la campagne et que cela
auroit eté fort long a decidé et qu’elle a pà» l’emmener sans
cela, on verra comment cela ira. Messieurs de Vaudreuil avoient
envoyé leur procuration a Mad[ame] Germain a Tours bien legalizée
et dont je luy ay remboursé 6#18s les fraix pour le faire
interdire. Si il etoit besoin, a propos ainsy avec cette piece qui
est signée de 5 personnes. Elle sera en etat si le cas y echouoit
de le faire. A propos de M[onsieur] de Vaudreuil, il se porte fort bien
il vous fait ses compliments. Il m’a paru sensible de ce que depuis
que vous etes en Canada, vous ne luy aviés jamais ecrit, il seroit
bien aise que vous donniés toujours de pareilles lettres de
change a M. Lotbiniere sur moy parce que je le paye ausitot
qu’il la receu.


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Lettre du 5 mars 1778, Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

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Je vous envoye cy joint notre compte depuis l’année 1767
par lequel je vous suis redevable de 2087# et
il vous est encore deub deux années de toutes vos rantes sans
en comptant la courante. Si vous m’envoyés un certifficat
de vie, je compte les recevoir en peu de temps. Vous me
marqués que vous m’avés envoyé votre certifficat de vie en juilliet
et ce qu’il y a de singulier c’est que vous m’ecrivés en juilliet
et que dans cette lettre est votre certifficat de vie d’atté du
mois de juin ce qui etoit bien aisé a lire. Je vous prie de
m’en envoyer un si vous pouvés en juilliet ou avant si
vous pouvés, et un autre en j[anvier] car celuy du 1e juilliet ou
du dernier decembre ne peut jamais servir que pour les 6
premiers mois de l’année et les 6 5 mois il faut qu’ils soient du
mois de janvier jusques en juilliet suivant. Cela est bien aisé
a faire et prennés y garde car tout les 3 ans quand on ne se presente
pas, le payeur est obligé de porter au Trezor Royal et quand il
les retires on est obligé d’attandre.

Je vous suis obligé des nouvelles que vous me donné du pauvre
general Burgoyne. Je n’ay pas envoyé la capitulation a Mon[sieur]
de Surimeau car il y avoit plus de 6 semaines que nous la
scavions et qu’elle etoit dans toutes les gazettes. On ne scoit
pas encore comme le general Howe se tirera. On parle icy
un peu de guerre, je ne croi pourtant pas que nous l’ayons.
Jay recu en janvier votre lettre du 2 [décembre] en j[anvier] et j’avois avant recu le
paquet ou etoit votre boete que je n’ay pu ouvrir et 7 ou 8 jours apres jay
receu votre lettre et jay ouvert la boete qui etoit sechée sur ma cheminée.
Comme je me disposois a faire votre amplette M[onsieur] Ademard que je n’ay
pas veà» m’a envoyé dire qu’il partiroit le surlandemain et qu’il se
chargeroit de votre commission mais il falloit au moins 8 jours pour
monter la bage mais je compte sous 8 jours envoyer le tout a
l’adresse de M[onsieur] Watson. Je souhaitte qu’elle vous arrive a bon port.
Je veus envoye une fort belle et forte chaine de montre d’or, mais elle
n’est pas a la derniere mode car comme on est fou a Paris pour changer
la mode et la fureur est des cordons en cheveux qui coutent jusques
10 louis tant pour hommes que pour les femmes qui les ont aussy
en cheveux garnys d’or et qui ne les portent plus comme elles les
portoit. Aparament que cela leur faisoit mal a ce que vous scavés
elles les portent comme les hommes dans un gousset et la chaine
pand en bas. Il n’y a pas de folie que les femmes ne portent
des bonnets haults et large de 18 poulces au moins. Elles ont etés obligées
de faire oter les coussins de leur carosse ou de faire baisser la caisse.
Encore sont’elles obligées de se courber crainte de gatter leurs horibles
ce frères qui font peur aux hommes.


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Lettre du 5 mars 1778, Doutreleau à  Joseph-Dominique-Emmanuel

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Je vous envoye les effets que vous m’avés demande a
l’adresse de M[onsieur] Watson et j’adresseray le tout a M[onsieur] Carmier
a Calais qui aura peut etre occasion de quelqun qui s’en charger[oit].
J’espere que Madame sera contante de son entourage de
brillant tres blancs qu’on n’a pas p໠faire plus riches
sur une petite bague. Je vous prie dé l’asseurer de mes
respects, et le petit bonhomme dont je n’avois pas encore
de connoissance, tachés donc de le conserver, car sans cela
Madame pouroit bien se lasser d’en faire.

Il n’y a rien de nouveau icy on ne scais si on aura guerre
ou non.

Jay l’honneur d’etre avec un since attachement
Monsieur et ami votre tres humble et obeissant
serviteur Doutreleau.

Paris le 5 mars 1778

Etat de la vaiselle d’arg[ent] que M[onsieur] votre pere a laissé que Mad[ame]
Germain m’a envoyé.

16 couvert d’argent
4 cuillieres a soupe
6 a caffé
2 etuys a savonette
4 couteaux a manche d’arg[ent]
1 bougeoir
1 eteignoir et 1 caffetiere

Le plat a barbe a eté vandu
a ce qu’en dit la domestique qui
faisoit tout ce qu’il vouloit.
Je recois les rantes de M[onsieur] votre pere dont je vous randeray compte


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P03/H.074, Fonds De Beaujeu, Centre d'histoire La Presqu'à®le

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