Lettre de Franà§ois de la Durantaye à  Emery Lalonde

Personnelle

24 novembre 1897

Monsieur E. Lalonde, M.P.P.
Assemblée législative,
Québec.

Je viens vous demander
votre concours. Mon frère, Gédéon de la
Durantaye, il y a un mois, était à  La Patrie
gagnant un minime salaire, ($10.00 par se-
maine.) Sur la promesse d’un emploi plus
lucratif au greffe de Montréal, il a abandonné
le journal. Mais pour la centième fois,
à  Québec comme à  Ottawa, on n’a pu lui
trouver une petite place. Certes je ne me cache
point que mon frère a un défaut grave,
l’amour de la boisson, et je suis le premier à 
déplorer la chose. Mais je sais aussi que
tous les heureux choisis par nos divins
gouvernements ne sont pas immaculés.
Une position quelconque, modeste, tranquille,
séparant Gédéon du monde des reporters,
le rendrait peut-àªtre plus sage et
plus digne. C’est mon espérance, Monsieur
le député. à€ tout événement supposons
mon frère infidèle à  ses devoirs, il serait
toujours facile de le congédier.
J’ose donc vous prier de vous intéresser,
et tout de suite, à  ce jeune homme décou-
ragé, réduit à  une misère affreuse avec
une femme et trois enfants. Gédéon demeure
à  Montréal, rue Ontario, 1399.

Veuillez croire que je saurai me souvenir
du service inappréciable que vous rendrez
à  mon frère.

J’ai l’honneur d’àªtre, Monsieur le député, votre tout dévoué
Fr. de la Durantaye, ptre, vicaire,
1537 rue St-Jacques,
Ste-Cunégonde.

P.S. J’écris à  l’Hon. Horace Archambault.